Khaoula Benomar

Khaoula Assebab Benomar, née en 1982 à Rabat, est une artiste marocaine au parcours remarquable, combinant une carrière florissante en tant que réalisatrice, écrivaine, journaliste, et militante des droits des femmes. Issue d’une famille où la création audiovisuelle et l’engagement artistique étaient présents – son père étant un pionnier de la fiction télévisée au Maroc – Khaoula a trouvé très tôt une voie dans le domaine artistique. Depuis ses débuts, elle s’est distinguée par son travail audacieux et engagé, à travers des films, des documentaires, des projets télévisuels et plus récemment, des publications littéraires.

Une réalisatrice à la recherche de la vérité

Khaoula a commencé sa carrière professionnelle à la télévision marocaine en 2005, enchaînant les réalisations dans différents genres : émissions télévisées, documentaires et même des clips vidéo. Cependant, c’est dans le monde du cinéma qu’elle a vraiment trouvé son terrain d’expression. Passionnée par l’art du spectacle et de la mise en scène, elle a passé une décennie à diriger des performances majeures, notamment pour l’Orchestre Symphonique de la Gendarmerie Royale. Cette expérience a raffiné son sens du rythme, de l’esthétique visuelle et de la narration visuelle.

En 2016, Khaoula signe son premier long-métrage, Le Clair-Obscur, un film qui explore la complexité des relations humaines à travers un prisme émotionnel et poétique. Le film, salué par la critique, a parcouru plusieurs festivals internationaux, décrochant notamment le prix de la première œuvre au Festival National du Film de Tanger et au Festival International d’Alexandrie. Cette première réalisation a positionné Khaoula comme une voix unique du cinéma marocain, capable de raconter des histoires avec une profondeur qui touche à l’universel.

Khaoula déclare souvent que pour elle, “le cinéma est un miroir qui reflète non seulement la société, mais aussi les luttes intérieures des individus”. Ce souci de vérité et de profondeur se reflète dans chacune de ses œuvres, où l’esthétique visuelle se marie à des récits introspectifs et émouvants.

Une militante engagée

En plus de son travail de cinéaste, Khaoula Assebab Benomar est une militante fervente pour les droits des femmes. L’un des thèmes centraux de ses œuvres est l’émancipation féminine et la quête d’indépendance dans une société patriarcale. En tant que réalisatrice, elle ne s’éloigne jamais de son engagement pour la cause des femmes, cherchant constamment à mettre en lumière des problématiques qui touchent les femmes marocaines et au-delà.

En 2023, elle publie son premier roman, Presque. L’histoire d’une renaissance, une œuvre littéraire qui incarne parfaitement son engagement pour l’émancipation féminine. Le roman raconte l’histoire d’une femme, Yto, qui se trouve dans un avion, amorçant ainsi un voyage sans destination précise. À travers ce voyage, Yto entame une quête de libération personnelle, un deuxième souffle dans une vie marquée par des contraintes sociales et personnelles. Le livre est une réflexion profonde sur les doutes, les questionnements, et les luttes internes qui accompagnent le processus de libération de soi.

Dans ce roman, Khaoula décrit l’évolution de son héroïne avec une grande finesse : “Yto était dans une phase qu’elle voulait prolonger, un moment qu’elle a toujours apprécié. Elle voulait donc en savourer la moindre fraction de seconde, histoire de faire durer le plaisir…”. Ce passage illustre parfaitement la capacité de Khaoula à capturer des moments de vie simples et intenses, des moments suspendus dans le temps, où tout semble possible.

Un art au service de la société

Ce qui distingue Khaoula Assebab Benomar, c’est sa capacité à utiliser l’art pour véhiculer des messages sociaux puissants. Que ce soit à travers ses films, ses documentaires, ou encore ses écrits, elle a toujours cherché à provoquer une prise de conscience chez son public. Ses projets audiovisuels ne se limitent pas à l’esthétique ou à la technique, mais s’enracinent dans une volonté de transformation sociale.

Son travail de documentariste a été particulièrement marquant. En tant que réalisatrice de documentaires, Khaoula s’est penchée sur divers sujets, allant de la vie quotidienne au Maroc à des thématiques plus universelles comme la place des femmes dans la société. Elle s’est également investie dans des émissions télévisées qui traitent de sujets sociaux contemporains. À travers ces projets, elle utilise sa plateforme pour ouvrir le débat, exposer des problématiques complexes et offrir des perspectives souvent ignorées par les médias traditionnels.

La puissance de la narration visuelle

Pour Khaoula, l’image est un outil puissant de changement. Dans ses œuvres, chaque scène est soigneusement pensée pour raconter une histoire visuelle qui résonne avec les émotions profondes du spectateur. Son esthétique cinématographique est marquée par une attention particulière aux détails, que ce soit à travers les paysages marocains qu’elle filme ou à travers les visages de ses personnages, toujours empreints de mélancolie et de complexité.

Dans Le Clair-Obscur, par exemple, Khaoula joue avec les contrastes de lumière pour symboliser les luttes internes de ses personnages, utilisant des ombres et des lumières douces pour créer une atmosphère introspective. Cette approche visuelle est devenue une signature de son style de réalisation, marquant son empreinte dans le paysage cinématographique marocain.